Nouvelle chasse aux milliards pour le budget.
Les travaux budgétaires vont reprendre pour le gouvernement fédéral. Des premières réunions après la trêve estivale sont prévues cette semaine au niveau des experts. Selon le dernier rapport du Comité de monitoring, s’ils veulent rester dans les clous européens, Charles Michel et ses ministres doivent trouver 2,4 milliards d’euros pour boucler l’ajustement 2016 et surtout le budget 2017.
L’air de rien, cela commence tout doucement à sentir la rentrée. Si pas encore parlementaire, en tout cas budgétaire. Rendez-vous avait été fixé par le gouvernement Michel, à la fin juillet, à l’heure de s’accorder quelques vacances: les travaux budgétaires débuteront véritablement durant la semaine du 16 août – eh bien, nous y voilà.
C’est prévu: experts et groupes de travail s’y remettent donc. Mais la vitesse de croisière ne sera vraisemblablement atteinte que la semaine prochaine, le temps que les derniers vacanciers « suédois » rentrent au bercail. De toute façon, rien ne sert de trop se presser. Le budget économique élaboré en juin par le Bureau du Plan et le rapport du Comité de monitoring qui a suivi en juillet – estimant à 2,4 milliards d’euros l’effort à réaliser à l’horizon 2017 afin de rester dans les clous européens – sont en passe d’être un tantinet dépassés.
2,4 milliards pour 2017
Le nouveau budget économique du Plan est attendu pour le 8 septembre – Michel aurait souhaité que ce fût plus tôt, mais impossible, puisqu’il faut attendre les derniers chiffres en provenance de la Banque nationale. Et quitte à élaborer un budget, autant qu’il se base directement sur les paramètres les plus récents. Voilà pour le départ. Et la ligne d’arrivée? Officiellement, il n’y en a qu’une: la mi-octobre, lorsque la Belgique devra rendre sa feuille de route budgétaire à la Commission européenne.
Le Fédéral a de quoi s’occuper: voir s’il peut remettre son budget 2016 sur les rails et, surtout, élaborer celui du cru 2017. Avec, pour l’heure, ce cap: dénicher 2,4 milliards – 1,3 pour 2016 et 1,1 pour 2017. Même s’il y a de fortes chances que l’immense majorité de l’effort repose finalement sur les épaules de 2017, puisque cela risque d’être un peu tard pour corriger le tir pour 2016.
Ces 2,4 milliards, c’est pour rester dans la course devant mener au retour à l’équilibre budgétaire structurel – c’est-à-dire nettoyé des aléas de la conjoncture et des effets des mesures non récurrentes – en 2018. La dernière trajectoire européenne table sur un déficit de 2,5% en 2016 (1,7% en structurel), de 1,4% en 2017 (0,8% en structurel) et de 0,4% en 2018 (0% en structurel). Au fil du temps qui passe, la marche se fait de plus en plus forcée; il n’y a pas si longtemps, on parlait encore d’un déficit de 2,1% pour 2016.
« Une bonne histoire »
Au point que pour certains, c’est déjà peine perdue. Il faut dire que les données avancées par le Bureau du Plan ont de quoi faire peur. D’ici 2018, c’est pas moins de 7,8 milliards qu’il faudrait trouver. Il faut préciser que le Plan ne tient pas compte, comme la Commission d’ailleurs, d’une série de mesures annoncées par le gouvernement mais qui baignent toujours dans le flou le plus total – le « redesign » de l’État et ses 750 millions d’économies en sont le meilleur exemple. « Le report du retour à l’équilibre est plus que probable », glisse cet observateur averti. Cette piste serait étudiée par certains partis de la majorité. « Tout ce qu’il leur faut, c’est une ‘bonne histoire’. » Histoire de « vendre » à l’électeur cette reculade budgétaire.
Allez, officiellement, on n’en est pas là.Cap sur l’équilibre. Qui serait douloureux mais faisable. Là où les choses se corsent, c’est que Michel ajoute à ce programme déjà bien chargé une promesse et une ambition. La promesse: « L’assainissement budgétaire ne pourra affecter les gens qui travaillent, et surtout les bas et moyens salaires », nous affirmait il y a peu un des piliers du gouvernement. L’ambition: accoler à ce conclave budgétaire une nouvelle série de réformes socioéconomiques, comme cela avait déjà été le cas en mars dernier, pour le marché du travail notamment. Sans oublier la mission fiscale qui a été confiée au grand argentier, Johan Van Overtveldt (N-VA): venir avec une réforme de l’impôt des sociétés, qui soit favorable aux PME et, dans la mesure du possible, budgétairement neutre.
On espère pour eux qu’ils se sont bien reposés. Parce que le retour s’annonce corsé.
Source : lecho.be